casey (+) most of my life, i sat on my hands, i don't make a sound

« Monsieur Moriarty, comment vous sentez vous aujourd'hui ? » Casey soupire et lève les yeux au ciel. Ça fait une semaine qu'il est bloqué dans ce lit d'hôpital et que chaque mouvement le fait souffrir. Alors, les questions du médecin ne lui donnent pas vraiment envie de répondre. Cependant, il laisse apparaître un sourire sur son visage. Il n'est pas du genre à être désagréable avec les gens, même lorsqu'on l'est avec lui. Sans se laisser totalement marcher sur les pieds, il évite les conflits au maximum et dit souvent oui pour arranger les personnes. Le jeune homme attrape son carnet pour noter les premiers mots qui lui passent par la tête à ce moment là. « A part mes côtes qui me font souffrir et cette jambe dans le plâtre qui m'empêche de marcher, je vais bien... » A cause de ce qui s'est passé, Casey a fait un blocage et s'est retranché derrière un mutisme. C'est comme s'il ne savait plus parler et qu'aucun son ne voulait, ne pouvait sortir de sa bouche. Il aimerait pourtant être capable de s'exprimer sans ce bout de papier et ce stylo, mais dès qu'il ouvre la bouche, ses cordes vocales refusent totalement de fonctionner. Alors, il est condamné pour le moment à écrire ce qu'il veut dire. C'est ce qu'on appelle un mutisme post-traumatique. Le médecin lui a assuré qu'il reparlerait bientôt. Mais bientôt c'est quand ? Dans une semaine, dans un mois, dans un an ? Casey ne sait pas et ça l'angoisse un peu. C'est frustrant de ne pas pouvoir parler et de devoir être obligé de tout coucher sur papier pour se faire comprendre. Heureusement, qu'il y a des choses qu'il peut faire pour qu'on saisisse ce qu'il veut dire.

Le bouclé garde son sourire même quand le médecin se penche vers lui pour palper ses côtes. Il grimace un peu sous la douleur. Il n'a jamais aimé se plaindre et donc s'il dit qu'il a mal, c'est que la douleur est insupportable. Seulement, ça, le praticien n'en sait rien du tout. « Je comprends tout à fait ! Ça doit pas être facile... » Le sourire qui jusque là était sur son visage se fane. C'est un euphémisme de dire que ce n'est pas facile. Se faire agresser dans la rue et limite violer ne peut pas être qualifier de facile ou difficile. C'est une expérience qu'il ne recommande à personne, pas même à son pire ennemi. Bien que Casey ait des souvenirs assez éparses et flous de cette soirée, la douleur qu'il ressent que ce soit dans sa jambe ou ses côtes est là pour lui rappeler ce qu'il a subit cette nuit-là. Le blessé est sorti de ses pensées par le médecin qui attrape son dossier au bout du lit. « Au vu de vos blessures, je pense que je vais vous gardé encore une bonne semaine, voir même un peu plus suivant votre habilité à guérir. » Une nouvelle grimace apparaît sur le visage de Casey. Il ne veut pas rester ici. Mais en même temps, il n'a pas vraiment envie de retourner dans cette chambre d'hôtel. Arrivé il y a trois semaines, le jeune homme n'avait rien d'autre sur lui qu'un portable prépayé et de quoi acheter des vêtements et payer une chambre dans un hôtel. Il a assez regardé de séries et autres films policiers pour savoir les rudiments d'une fuite. Du coup, avant de partir du camp, il a fait en sorte de voler de la nourriture, des vêtements et un peu d'argent. Il culpabilise de tout ça, mais beaucoup moins en sachant que l'argent qu'il a prit appartenait à sa famille qui l'a laissé pourrir dans ce camp de réorientation. Tout ça parce qu'il ne se conformait pas à l'idée que ses parents se faisaient d'une relation. Casey a été élevé dans une famille très croyante et très traditionaliste. C'était l'Eglise tous les dimanches, les messes de minuit et autres. Il a été obligé de se confesser plusieurs fois par mois simplement parce que ses parents le voulaient. Alors, quand ils ont appris qu'il était gay et qu'il entretenait une relation avec un homme de dix ans son aîné, ils n'ont pas apprécié. Ils lui ont posé un ultimatum : soit il allait dans un de ces centres de rééducation sexuelle, soit ils balançaient le pasteur à la police. Encore mineur, le jeune homme n'a rien pu faire et pour éviter des problèmes à l'homme qu'il aimait, il a donc décidé d'aller dans ce camp.

« J'aurai préféré que vous me disiez que je peux sortir... J'en ai marre d'être enfermé. » écrit-il pour faire comprendre qu'il ne supporte plus les quatre murs de sa chambre. Il a besoin de liberté, de prendre l'air. Il a été assez enfermé dans ce camp de réorientation. Ce qu'il a subit là-bas aussi est indescriptible. Entre être obligé de regarder du porno hétérosexuel, les châtiments corporels ainsi que les privations de nourritures et de libertés, Casey aimerait pouvoir oublier ce passage de sa vie. Et donc, il souhaiterait pouvoir sortir de cette chambre. Seulement, il ne peut pas se déplacer sans aide. Pour le moment, ce n'est pas possible. Rien que le fait de se lever pour aller aux toilettes lui fait super mal. Respirer n'est maintenant, plus une corvée mais il y a encore quelques jours, il souffrait énormément. « Oh mais vous n'êtes pas bien ici ? Vous avez en plus un très gentil infirmier qui s'occupe de vous. » Casey lève les yeux vers le médecin en entendant son ton légèrement ironique et le regarde surpris par cette remarque. Oui c'est vrai que Shannon est gentil avec lui mais il ne pensait pas que quelqu'un de plus haut placé le voit. Ce n'est pas un secret d'état qu'il est plus attiré par les hommes que par les femmes, mais il évite d'en parler parce qu'il ne veut pas que tout le monde soit au courant de son orientation sexuelle. Le médecin a compris qu'il était gay, mais il se demande bien comment il a fait ? Ce n'est écrit nul part qu'il a fait un séjour de un an et demi dans un centre de réorientation. Peut être qu'il a vu les regards insistants qu'il lance sur le châtain quand il est là et qu'il s'occupe de lui. Mais ce n'est pas sa faute si c'est agréable d'avoir quelqu'un qui lui tient compagnie pendant tous ces soins. Le bouclé ne peut pas nier que l'infirmier est totalement son genre de mec en plus. Ses yeux bleus ne le laissent pas de marbre et sa voix est tellement sexy. Seulement, il ne veut pas s'attacher, enfin, il ne veut plus. Depuis que celui qu'il pensait être l'homme de sa vie l'a lâché comme une pauvre merde une fois dans le camp, Casey a décidé qu'il ne souffrirait plus et qu'il ne laisserait plus personne entrer dans sa vie amoureuse. Il a donc essayé de sceller son cœur, mais c'est compliqué surtout quand il est encore un peu amoureux de son pasteur et que ses sentiments pour Shannon sont confus. Parce qu'il est clair que l'infirmier lui plaît plus que ce qu'il voudrait bien l'affirmer. Cependant, il laisse les choses se faire et il verra bien où ça le mènera. « Oui Shannon est très gentil avec moi ! Je n'ai pas à me plaindre... Seulement, je voudrais quand même pouvoir sortir. » « Je vais voir ce que je peux faire pour ça ! Peut être que Shannon pourrait vous amener en promenade dans le parc derrière l'hôpital ? » Aussitôt les yeux du bouclé s'illuminent. Oui, il veut sortir, par n'importe quel moyen. « Parfait alors, j'en parlerai avec lui. Reposez vous bien Monsieur Moriarty. A plus tard. » Le médecin sort alors de sa chambre laissant le jeune homme seul. Casey presse alors le bouton lui injectant de la morphine et une fois qu'elle fait effet, il s'endort.